Vers intestinaux : reconnaître les symptômes de leur présence

Les vers intestinaux sont des parasites pouvant infecter l’être humain et causer divers problèmes de santé. Reconnaître les symptômes d’une infestation par ces vers aide à établir un diagnostic et un traitement rapides, afin de limiter leur propagation et leurs effets néfastes sur l’organisme.

Les vers intestinaux courants

Les oxyures : les plus fréquents chez les enfants

Les oxyures (Enterobius vermicularis) sont les vers intestinaux les plus courants en France, particulièrement chez les enfants. Ces petits vers blancs mesurent entre 5 et 10 mm de long. Leur cycle de vie est rapide, avec une maturation en 2 à 6 semaines. Les femelles pondent leurs œufs autour de l’anus, généralement la nuit, provoquant des démangeaisons caractéristiques.

Le ténia : le ver solitaire

Le ténia, ou ver solitaire, est moins fréquent que les oxyures mais reste présent en France. Deux espèces principales sont rencontrées :

• Taenia saginata (ténia du bœuf) : peut atteindre jusqu’à 10 mètres de long

• Taenia solium (ténia du porc) : généralement plus court, environ 2 à 3 mètres

Ces vers plats se développent dans l’intestin grêle et peuvent y survivre pendant plusieurs années. Leur cycle de vie implique un hôte intermédiaire (bœuf ou porc) et un hôte définitif (l’homme). La contamination se fait par ingestion de viande insuffisamment cuite contenant des larves.

L’ascaris : un ver rond moins fréquent

L’ascaris (Ascaris lumbricoides) est un ver rond pouvant atteindre 30 cm de long. Bien que plus rare en France métropolitaine, il reste présent, notamment dans les zones rurales où l’utilisation d’engrais organiques est courante. Son cycle de vie complexe implique une migration larvaire à travers les poumons avant l’installation dans l’intestin grêle.

La douve du foie : un parasite des zones d’élevage

La douve du foie (Fasciola hepatica) est un ver plat qui, comme son nom l’indique, s’installe dans les canaux biliaires du foie. Ce parasite, mesurant environ 3 cm de long, nécessite un hôte intermédiaire (un mollusque d’eau douce) et un hôte définitif (généralement un herbivore, mais parfois l’homme). En France, les régions d’élevage ovin et bovin, particulièrement dans l’ouest et le centre du pays, sont les plus concernées. La consommation de plantes aquatiques crues (comme le cresson sauvage) est le principal mode de contamination humaine.

Type de ver	Taille moyenne
Oxyure	5-10 mm
Ténia (T. saginata)	4-10 m
Ténia (T. solium)	2-3 m
Ascaris	15-30 cm
Douve du foie	2-3 cm

Symptômes d’une infestation par les vers

Les vers intestinaux peuvent provoquer une variété de symptômes, dont l’intensité et la durée varient selon le type de parasite et la gravité de l’infestation. Bien que certaines personnes puissent être asymptomatiques, la plupart des individus infectés présentent des signes caractéristiques qui permettent de suspecter la présence de ces parasites.

Symptômes digestifs courants

Les troubles digestifs constituent souvent les premiers signes d’une infestation par les vers intestinaux. Les patients rapportent fréquemment des douleurs abdominales, des ballonnements et des flatulences excessives. Ces symptômes peuvent s’accompagner de nausées, de vomissements et d’une alternance entre diarrhée et constipation. Dans certains cas, on observe une perte d’appétit pouvant entraîner une perte de poids inexpliquée.

La durée des symptômes peut s’étendre de quelques jours à plusieurs semaines, voire des mois en l’absence de traitement approprié.

Manifestations cutanées et prurit anal

Les démangeaisons anales, particulièrement nocturnes, sont un symptôme caractéristique de l’infestation par les oxyures. Ce prurit intense peut perturber le sommeil et causer une irritation de la zone péri-anale. Dans certains cas, on peut observer la présence de vers blancs filiformes autour de l’anus ou dans les selles.

Les vers intestinaux peuvent aussi provoquer des symptômes systémiques affectant l’ensemble de l’organisme. La fatigue chronique, l’irritabilité et les troubles du sommeil sont fréquemment rapportés. Certains patients présentent également une fièvre légère et intermittente.

Variations symptomatiques selon le type de ver

Les symptômes peuvent varier en fonction de l’espèce de ver responsable de l’infestation :

• Oxyures : prurit anal nocturne, irritabilité, troubles du sommeil

• Ascaris : toux, fièvre, douleurs abdominales, vomissements

• Ténia : douleurs abdominales, alternance diarrhée-constipation, augmentation de l’appétit sans prise de poids

• Ankylostomes : anémie, fatigue intense, douleurs abdominales

Complications potentielles

En cas d’infestation sévère ou prolongée, des complications peuvent survenir. Chez les enfants, on observe parfois un retard de croissance et des troubles du développement. Les ankylostomes peuvent causer une anémie ferriprive sévère, tandis que les ascaris sont susceptibles de provoquer une occlusion intestinale. Une infestation massive par le ténia peut entraîner une malnutrition malgré un appétit important.

Il est important de noter que les symptômes des vers intestinaux peuvent être confondus avec ceux d’autres affections gastro-intestinales. Un diagnostic précis nécessite souvent des examens complémentaires, tels que des analyses de selles ou des tests sérologiques. En cas de suspicion d’infestation parasitaire, il est recommandé de consulter un professionnel de santé pour établir un diagnostic et mettre en place un traitement adapté.

Transmission et facteurs de risque

Les vers intestinaux se transmettent principalement par voie orale-fécale, c’est-à-dire par l’ingestion d’œufs ou de larves présents dans des aliments, de l’eau ou sur des surfaces contaminées. Plusieurs facteurs augmentent le risque d’infestation, notamment les conditions d’hygiène précaires et certains comportements à risque.

Les aliments les plus à risque sont :

• Les fruits et légumes crus mal lavés

• La viande insuffisamment cuite, en particulier le porc pour le ténia

• L’eau non potable ou non traitée

Par exemple, l’ascaris se transmet souvent par l’ingestion de légumes cultivés dans un sol contaminé par des matières fécales humaines utilisées comme engrais. Les œufs présents dans le sol adhèrent aux végétaux et sont ingérés s’ils ne sont pas correctement lavés.

Contact avec des surfaces contaminées

Les œufs de certains vers, comme les oxyures, peuvent survivre plusieurs jours dans l’environnement. Le contact avec des surfaces contaminées (poignées de porte, jouets, etc.) suivi du portage des mains à la bouche permet la transmission, en particulier chez les jeunes enfants.

Pénétration transcutanée

Certains vers, comme l’ankylostome, peuvent pénétrer directement à travers la peau, généralement par les pieds nus en contact avec un sol contaminé. Ce mode de transmission est plus fréquent dans les régions tropicales et subtropicales.

Facteurs environnementaux favorisant la transmission

Certaines conditions environnementales facilitent la propagation des vers intestinaux :

• Climat chaud et humide : favorise la survie des œufs dans l’environnement

• Densité de population élevée : augmente les risques de contamination interhumaine

• Pratiques agricoles utilisant des engrais d’origine fécale

• Présence d’animaux domestiques ou d’élevage porteurs de parasites zoonotiques

Dans les régions d’élevage porcin intensif, le risque de contamination par le ténia Taenia solium est plus élevé.

Prévention et traitement des infestations

La prévention et le traitement des infestations par les vers intestinaux reposent sur une combinaison de mesures d’hygiène rigoureuses et de traitements médicamenteux. Une approche globale est nécessaire pour interrompre le cycle de transmission et éliminer efficacement ces parasites.

Mesures préventives à adopter

L’hygiène joue un rôle central dans la prévention des infestations parasitaires. Il est recommandé de :

• Se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon, en particulier avant les repas, après être allé aux toilettes et après avoir manipulé des animaux

• Cuire suffisamment les aliments, notamment les viandes, pour détruire les éventuels parasites

• Laver soigneusement les fruits et légumes avant consommation

• Boire uniquement de l’eau potable ou traitée

• Éviter de marcher pieds nus dans des zones potentiellement contaminées

• Maintenir une hygiène corporelle irréprochable, avec un nettoyage quotidien de la zone anale

Ces gestes simples permettent de réduire les risques d’infestation, en particulier chez les enfants qui sont plus vulnérables.

Traitements médicamenteux

En cas d’infestation avérée, un traitement antiparasitaire est nécessaire. Les médicaments utilisés, appelés antihelminthiques, sont généralement très efficaces.

Molécule	Nom commercial	Indications
Albendazole	Zentel	Oxyures, ascaris, ankylostomes
Flubendazole	Fluvermal	Oxyures, ascaris, trichocéphales
Mebendazole	Vermox	Oxyures, ascaris, ankylostomes
Praziquantel	Biltricide	Ténia, douves

Le traitement consiste généralement en une prise unique ou répétée après 2 à 3 semaines. Il est souvent recommandé de traiter l’ensemble du foyer pour éviter les réinfestations.

Mesures complémentaires

En complément du traitement médicamenteux, certaines mesures d’hygiène renforcées sont recommandées :

• Laver à 60°C la literie, les vêtements et les jouets

• Aspirer soigneusement les sols et les tapis

• Couper les ongles courts et les brosser régulièrement

• Porter des sous-vêtements propres la nuit

Ces mesures visent à éliminer les œufs de parasites dans l’environnement et à prévenir les réinfestations. Leur application rigoureuse pendant plusieurs semaines est souvent nécessaire pour éradiquer complètement l’infestation.