Malaise vagal : et si votre intestin était le coupable ?

Le malaise vagal est un phénomène courant qui peut survenir de manière soudaine et inattendue. Bien que ses causes soient multiples, de récentes recherches suggèrent que l’intestin pourrait jouer un rôle important dans son déclenchement. En effet, le système digestif et le système nerveux sont étroitement liés, et un dysfonctionnement intestinal pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de l’organisme.

Quel est le lien entre les maladies intestinales et le malaise vagal ?

Les maladies intestinales et le malaise vagal entretiennent des liens étroits, souvent méconnus du grand public. De nombreuses personnes souffrant de troubles digestifs chroniques rapportent également des épisodes de malaises vagaux, suggérant une connexion physiologique entre ces deux phénomènes.

Le rôle du système nerveux entérique

Le système nerveux entérique, parfois surnommé “deuxième cerveau”, composé de plus de 100 millions de neurones tapissant les parois du tube digestif, communique en permanence avec le cerveau via le nerf vague. Cette communication bidirectionnelle, appelée axe intestin-cerveau, permet d’expliquer comment des troubles intestinaux peuvent influencer le fonctionnement du système nerveux autonome et provoquer un malaise vagal.

Le syndrome du côlon irritable et le malaise vagal

Le syndrome du côlon irritable (SCI) constitue l’un des troubles fonctionnels digestifs les plus fréquemment associés au malaise vagal. Selon une étude menée par l’INSERM en 2022, près de 15% des Français souffrent de SCI, et parmi eux, 30% rapportent avoir déjà expérimenté un malaise vagal. Les mécanismes impliqués sont multiples :

• Hypersensibilité viscérale : les personnes atteintes de SCI ont une plus forte sensibilité aux stimuli intestinaux, pouvant déclencher une activation excessive du nerf vague.

• Dysbiose intestinale : le déséquilibre du microbiote intestinal observé dans le SCI pourrait influencer la signalisation nerveuse et favoriser les malaises vagaux.

• Inflammation de bas grade : bien que controversée, l’hypothèse d’une inflammation chronique minime dans le SCI pourrait contribuer à la stimulation du système nerveux autonome.

Autres pathologies digestives et risque de malaise vagal

D’autres maladies intestinales ont également été associées à la manifestation de malaises vagaux.

Les patients atteints de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique présentent un risque plus élevé de malaise vagal, particulièrement lors des phases actives de la maladie.

Les intolérances au lactose, au fructose ou au gluten peuvent provoquer des symptômes digestifs importants susceptibles de déclencher un malaise vagal.

Mécanismes biologiques impliqués

Le lien entre maladies intestinales et malaise vagal s’explique par plusieurs mécanismes biologiques :

1. Activation du nerf vague : les douleurs abdominales intenses ou la distension intestinale stimulent les fibres afférentes du nerf vague, entraînant une bradycardie réflexe et une vasodilatation périphérique.

2. Libération de médiateurs inflammatoires : certaines cytokines pro-inflammatoires produites lors de l’inflammation intestinale peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et influencer le fonctionnement du système nerveux autonome.

3. Altération de la perméabilité intestinale : l’augmentation de la perméabilité intestinale observée dans de nombreuses pathologies digestives pourrait favoriser le passage de substances pro-inflammatoires dans la circulation sanguine, affectant indirectement le contrôle autonome cardiovasculaire.

Ces mécanismes convergent vers une chute de la tension artérielle et une diminution du débit sanguin cérébral, aboutissant au malaise vagal. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ces interactions complexes et développer des stratégies thérapeutiques ciblées.

Les symptômes et signes avant-coureurs du malaise vagal

Les personnes souffrant de troubles gastro-intestinaux sont particulièrement susceptibles de faire des malaises vagaux.

Symptômes courants du malaise vagal

Avant un malaise vagal, le patient a des sueurs froides et abondantes, son visage est pâle. Il peut avoir la nausée ou même des vomissements et ressentir des douleurs ou crampes intestinales. Une sensation de faiblesse se généralise dans son corps et cause des étourdissements et vertiges. Sa vision se voile ou se trouble et il peut entendre un bourdonnement dans ses oreilles.

Signes avant-coureurs du malaise vagal

Certains signes peuvent annoncer l’imminence d’un malaise vagal, permettant à la personne de prendre des précautions :

• Sensation de chaleur soudaine

• Palpitations cardiaques

• Bâillements répétés

• Hyperventilation

• Sensation de “tête vide”

• Anxiété inexpliquée

Les individus souffrant de pathologies digestives chroniques sont plus susceptibles de faire des malaises vagaux. Ils devront se montrer particulièrement attentifs à ces signes.

Prévention et traitements pour éviter un malaise vagal

L’intestin, souvent qualifié de “deuxième cerveau”, abrite des milliards de bactéries qui composent le microbiote intestinal. Ce microbiote influence la digestion mais aussi notre système immunitaire et notre équilibre nerveux. Un déséquilibre de cette flore intestinale, appelé dysbiose, pourrait être à l’origine de divers troubles, y compris les malaises vagaux.

Lien entre l’intestin et le malaise vagal

Le nerf vague, qui relie le cerveau à de nombreux organes dont l’intestin, est particulièrement sensible aux perturbations du système digestif. Une inflammation intestinale, une perméabilité de la paroi intestinale ou une altération du microbiote peuvent stimuler ce nerf de manière excessive, provoquant ainsi une réaction vagale. Cette réaction se traduit par une chute de la tension artérielle et du rythme cardiaque, pouvant conduire à un malaise.

Facteurs intestinaux déclenchants

Plusieurs facteurs liés à l’intestin peuvent favoriser l’apparition de malaises vagaux. Une alimentation déséquilibrée, riche en sucres raffinés et en aliments ultra-transformés, peut perturber l’équilibre du microbiote et fragiliser la paroi intestinale. Le stress chronique, qui affecte directement le système digestif, peut également jouer un rôle dans ce phénomène. De plus, certaines intolérances alimentaires non diagnostiquées peuvent provoquer une inflammation intestinale chronique, augmentant ainsi le risque de malaises vagaux.

Par conséquent, une alimentation équilibrée, riche en fibres et pauvre en aliments inflammatoires, contribue à maintenir une flore intestinale saine.

L’activité physique modérée stimule la motilité intestinale et renforce le système nerveux autonome. Il est recommandé de pratiquer au moins 150 minutes d’exercice d’intensité modérée par semaine, comme la marche rapide, la natation ou le vélo.

Traitements et approches thérapeutiques

Pour limiter ces malaises, plusieurs approches thérapeutiques peuvent être envisagées. L’utilisation de probiotiques et prébiotiques peut aider à restaurer l’équilibre du microbiote intestinal. Contre le stress, des thérapies comportementales cognitives (TCC) peuvent être envisafées.

Dans certains cas, des traitements médicamenteux peuvent être prescrits. Les bêtabloquants, par exemple, peuvent aider à contrôler le rythme cardiaque et la tension artérielle. Des médicaments visant à réguler le transit intestinal ou à réduire l’inflammation du système digestif peuvent également être bénéfiques si un lien avec des troubles intestinaux est établi.

Recommandations pour les personnes à risque

Pour les individus sujets aux malaises vagaux d’origine intestinale, il est conseillé de :

• Tenir un journal alimentaire pour identifier les aliments déclencheurs

• Pratiquer des repas fractionnés et bien mastiquer pour faciliter la digestion

• Éviter les positions prolongées debout, surtout après les repas

• Maintenir une bonne hydratation tout au long de la journée

• Consulter régulièrement un gastro-entérologue pour un suivi personnalisé

En suivant ces recommandations et en adoptant une approche globale de la santé intestinale, il devient possible de réduire la fréquence et l’intensité des malaises vagaux d’origine intestinale, améliorant ainsi la qualité de vie des personnes concernées.